Avant la Révolution industrielle, le tissage, le filage et la fabrication d’habits pour le foyer étaient des tâches chronophages pour la plupart des femmes. En Angleterre, les femmes célibataires étaient appelées « spinsters » (fileuses), car le filage était leur occupation principale. Eve Fisher, une historienne, a calculé que la fabrication d’une seule chemise demandait 500 heures de filage, et 579 heures de travail au total — coûtant 4 197,25 dollars au salaire minimum actuel des États-Unis.
Qu’apportaient des inventions telles que la machine à filer ? À la fin du 19e siècle, une seule machine à filer exploitée par un très petit nombre de personnes pouvait remplacer plus d’un millier de fileuses. Ces machines ne dépendaient pas de l’énergie humaine. Elles étaient alimentées à l’aide de turbines hydrauliques ou, plus tard, par des machines à vapeur fonctionnant au charbon.
Avec la révolution de la production permise par le progrès technique, le temps nécessaire pour le filage, le tissage et la confection d’une paire de chaussures a chuté de moitié en seulement quelques décennies.
Les progrès techniques furent également notables dans d’autres domaines : la fabrication industrielle de gâteaux connut la même évolution. Ces bouleversements ont marqué le début d’une révolution technologique permanente, car le temps nécessaire à la production de la plupart des biens n’a cessé de diminuer de génération en génération, comme le montre l’exemple de la productivité en termes d’éclairage.
Robert Fogel, un historien de l’économie, a estimé le temps de travail total au cours de l’Histoire, incluant les temps de trajet domicile-travail, ainsi que le travail domestique. Définissant ce qu’il appelait le « temps discrétionnaire » comme valant 24 heures par jour, moins le temps dont nous avons tous besoin pour une sorte de maintenance biologique (sommeil, alimentation et hygiène personnelle), Fogel a défini le temps de loisirs comme étant égal au temps discrétionnaire moins le temps de travail. Il a réalisé des projections pour l’année 2040. Ses estimations sont représentées dans le Graphique 4.4.
Il estimait qu’en 1880, au cours d’une vie, le temps de loisirs ne représentait qu’un quart des heures de travail. En 1995, d’après ses calculs, le temps consacré aux loisirs au cours d’une vie était supérieur au temps de travail. Il a également prédit que, en 2040, le temps de loisirs au cours d’une vie serait trois fois plus important que le temps de travail.
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